En tenue d’Êve
Féminin, pudeur et judaïsme
Delphine Horvilleur
Grasset, 2013
Présentation du livre
La pudeur ne peut consister en un voilement obsessionnel du corps de l’autre. Il s’agit plutôt d’accepter qu’aucun être ne soit entièrement visible dans sa nudité. Aucun être n’a fini de se dévoiler. Quelque chose en lui nous échappe toujours, car il n’est réductible ni au désir qu’il suscite en nous, ni aux images qu’un texte sacré en véhicule.
Il en va des hommes comme il en va des textes. La seule lecture pudique des textes religieux est celle qui affirme qu’ils n’ont pas encore été complètement révélés, mis à nu par des lectures et des lecteurs passés. Quand l’interprétation les fige, elle les profane. Dès lors, sont-ils encore sacrés ? Ils ne peuvent le rester que si l’on accepte qu’ils n’aient pas fini de montrer et de dire.(p.13)
La tenue d’Adam
C’est la première fois qui compte ! C’est ainsi que l’on pourrait résumer un principe d’interprétation dont l’exégèse juive est particulièrement adepte. Ce principe de première occurrence pose que la toute première apparition d’un terme ou d’un concept dans la Bible est la plus critique. Ce premier usage biblique serait porteur de signification profonde d’un mot, comme si tout était dit la première fois qu’il est énoncé.
C’est avec Adam qu’apparaît la première nudité. La « tenue d’Adam » désigne d’ailleurs, en français, l’état de celui qui n’en porte aucune. Mais Adam n’est pas seulement le premier homme dont la nudité est décrite, il est aussi le premier dont la nudité est couverte, le premier à se constituer un vêtement. La Genèse fait de lui le premier homme incommodé par cette nudité au point de choisir de la couvrir. Autrement dit, Adam est le premier pudique de l’Histoire.
Le récit de la création de l’homme fait partie de ces épisodes bibliques que tous croient connaître, tant il a intégré notre civilisation, ses mythes et ses représentations graphiques ou littéraires.(….)
Une relecture attentive des deux premiers chapitres de la Bible livre de cet épisode fondateur une vision très différente, subtile et ambiguë (p.48-49).
Proposition de plan de lecture en 7 rencontres :
- 8 mars : Chapitres 1 (No woman’s land) et 2 (Préambule à une lecture juive…ou comment devenir un « obsédé textuel »)
- 22 mars : Chapitre 3 ( Adam, genèse de la nudité) + lecture de Genèse 1, 2 et 3
- 5 avril : reporté
- 3 mai : Chapitres 4 (Noé : le nu sorti des eaux) et 5 (Cachez ce saint que je ne saurais voir !) et 6 (L’être orificiel) + lecture de Genèse 6, 7, 8 et 9
- 24 mai : Chapitre 7 (L’homme, une femme comme les autres ?) et 6 (L’être orificiel)
- 7 juin : Chapitre 8 (La bénédiction du féminin) + lecture de Mulieris dignitatem
- 21 juin : Chapitre 9 (Subversion), conclusion et postface